Le bec-croisé des sapins, perroquet de nos forêts d’altitude

Parmi les passereaux des forêts boréales et montagnardes, le bec-croisé des sapins (Loxia curvirostra) se distingue par l’étrangeté de son bec. En effet, ce petit fringille, porte bien son nom puisqu’il dispose d’un bec avec des mandibules qui se croisent, une curiosité anatomique qui fascine ornithologues et naturalistes depuis des siècles. Loin d’être une malformation, cette singularité est une adaptation remarquable à son régime alimentaire. Grâce à cet appendice « tordu », l’oiseau peut écarter les écailles des cônes de résineux — sapins, épicéas ou pins — pour en extraire les précieuses graines, inaccessibles à la plupart des autres oiseaux.

Le bec-croisé des sapins arbore des colorations très variables, d’un rouge vif au rouge-orangé pour les mâles et du jaune terne au vert olive pour les femelles. Grace à ce panel de couleur, il fait figure de perroquet des montagnes et des forêts de conifères. Malgré ces couleurs parfois vives, il reste un oiseau discret dans la pénombre de la forêt. On l’entend souvent avant de le voir, trahi par ses gazouillis rapides ponctués de notes flûtées émis lors des déplacements en petits groupes, typiques de cette espèce.

Véritable nomade des forêts de conifères, les populations de becs-croisés des sapins se déplacent régulièrement à la recherche de nourriture. Les effectifs varient énormément d’une année à l’autre en fonction de la disponibilité en cônes de résineux. Lors des bonnes années de fructification, on observe généralement une augmentation des effectifs, lesquels repartiront lorsque que les ressources viendront à manquer. Les déplacements à la recherche d’autres forêts de résineux sont imprévisible et se font généralement en petits groupes parcourant jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres pour trouver des peuplements avec une bonne fructification.

En plus de cette capacité à se déplacer, les becs-croisés vont jusqu’à adapter leur période de nidification en fonction des ressources disponible. Alors que la majorité des oiseaux attendent le printemps et le retour des beaux jours, le bec croisé peut entamer la nidification en hiver sitôt que le dégel des pives leur offre nourriture abondante, idéale pour nourrir les jeunes.

Partage des tâches ménagères

Pendant la couvaison, le mâle nourrit la femelle en lui apportant des graines délicatement extraites avec son bec. Après l’éclosion, le nourrissage des jeunes est assuré par le couple qui se relaie pour nourrir leur progéniture, laquelle grandit dans un nid de mousse et de lichen dissimulé dans la cime ou à la base d’une branche d’un résineux.

L’espèce, qui est présente dans toute l’Eurasie n’est pas menacée globalement. Elle est toutefois fortement dépendante de la santé des conifères. Le réchauffement climatique actuel, qui fragilise chez nous les peuplements de conifères et ouvre la voie à leurs ravageurs, peut devenir un vrai problème pour le bec-croisé. Préserver les forêts mixtes et laisser vieillir les peuplements naturels, c’est aussi protéger cet oiseau au bec d’orfèvre.

Pour en apprendre d’avantage su cette espèce :

https://www.vogelwarte.ch/fr/les-oiseaux-de-suisse/bec-croise-des-sapins/

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